Eléments de Taoïsme

Rasenna


DOCTRINE. NON-DOCTRINE

TAO: REVELATION

A l’inverse du Confusianisme ( contemporain ) et de bien d’autres doctrines le contact avec l’enseignement taoiste dans son intégralité se fait dès que l’on possède un Tao-tö-king.
Sa dimension cosmique nait de sa nature intrinsèque, révélation au coeur de toute chose malgré-grace à son indicibilité et son inexprimabilité. Unité de base avant même la naissance des mots.
L’évolution permanente de tout ce qui est, vit, existe implique l’impossibilité pour quelque école que ce soit de l’enseigner.
Seulement par le vécu se fait l’imprégnation. Ce vécu qui est Tao. Ce Tao qui est voie, pont, passage, aiguillage ou relai. Relai entre Humain et Société. Inspirateur de la Fondamentalité du Cosmos. Amont et aval. Alpha et oméga. Le Tao est source.

TAO: VERTU INITIALE
Tao-tö-king.
Livre de laVoie ( Tao ) et de la Vertu ( Tö ). Vertu intérieure en harmonie avec la Voie. Tö Nature de toute chose. Tao ce par quoi existe la chose. Tö l’entité, le singularisme, projection du Tao dans le concrêt. Le Tö est le Tao qui se meut. Le Tö c’est l’axe du monde le long duquel l’Homme partant de sa base doit s’élever. Transcendance menant à la connaissance ultime.
L’UN
Toutes choses se créént par leur propre réflexion intérieure et nul ne peut savoir comment elles y parviennent ( Zhuang-zi ). C’est en étant en toute chose que le Tao démontre son unicité.

LE SOUFFLE

C’est derrière la diversité que l’on découvre l’unité totale. Souffle vital du Qi sans lequel rien n’est. Souffle vital par lequel chaque expression de la singularité est révélation de l’un.
Mais que serait la compréhension de la source s’il n’y avait acceptation du véhicule de retour à l’origine que sont les cycles ?

LES CYCLES

Les cycles autorisent le retour à l’origine dès lors qu’est comprise la source. Cycles et non simples séquences ponctuelles. L’Univers est régi, par un rythme mettant en avant les contraires ( complémentaires et non opposés ). Principe du yin et du yang.

Défaites votre mental, rejetez votre esprit, et les dix milles êtres retourneront à la racine un à un ( Zhuang-zi ). Ainsi est le rerour à l’origine.

LE CENTRE

A l’origine est le centre. Y retourner c’est recentrer l’énergie mise en mouvement sur les valeurs intrinséques de l’unité et non la destruction de ce qui fut bâti jusqu’alors. Le centre ( royaume de l’un ) est antérieur au Monde. Il est âme du mobile et non du figé.

UN , DEUX, TROIS

Le Tao engendre Un-Un engendre Deux-Deux engendre Trois-Trois engendre tous les êtres du monde-Tout être porte sur son dos l’obscurité-Et serre dans ses bras la lumière-Le souffle indifférencié constitue son harmonie-Ce qui répugne aux hommes c’est d’être orphelin, veuf, indigne de manger-Et pourtant princes et ducs ne se nomment pas autrement- Qui se grandira diminuera-J’enseigne ceci après d’autres-L’homme violent n’aura pas une
mort naturelle-Que celui qui l’a dit soit mon maître ! ( Tao-Tö-King XLII ).La dualité atteint ainsi la perfection du Trois qui ramène à l’Un.

LE YIN ET LE YANG-DYNAMIQUE DES CONTRAIRES

L’unité de la vallée passe par le fait que la montagne ait un ubach ( yin ) et un adret (yang).
La (vraie) bipolarité n’est en rien expression de division mais le reflet de l’unité.
Yin: féminin nuancé allant de la passivité à la réceptivité, de l’obscur vers le mou. Lune, Nord, Eau, Noir, Plomb, Chiffres pairs.
Yang : Masculin. Activité créatrice, clarté et dureté. Solei, Sud, Feu, Rouge, Mercure et
chiffres impairs.
L’unité nait de la fusion de pulsions convergentes et de l’équilibre changeant de la compléméntarité des polarités non figées et subtiles qui font qu’une part du Yin vit au coeur du Yang comme une part de celui-ci est en le Yin.
Tout le monde tient le beau pour le beau-C’est en cela que réside sa laideur-Tout le monde tient le bien pour le bien-C’est en cela que réside son mal-Car l’être et le néant s’engendrent- Le facile et le difficile se parfont-Le long et le court se forment l’un par l’autre-Le haut et le bas se touchent-La voix et le son s’harmonisent-L’avant et l’après se suivent-C’est pourquoi le saint adopte la tactique du non-agir et pratique l’enseignement sans parole-Toutes les
choses du monde surgissent-Sans qu’il en soit l’auteur-Il produit sans s’approprier-Il agit sans rien zttendre-Son oeuvre accomplie il ne s’y attache pas-Et puisqu’il ne s’y attache pas son oeuvre restera ( Tao-Tö-King II ).

LE NON-AGIR ( WU-WEI )

Le non-agir n’est ni refus de l’action ni renoncement à cette dernière mais le rejet d’aller au-delà de l’action spontannée inhérente à notre quotidien et ce sans calculs d’aucune sorte de façon à préserver notre paix intérieure.

Le Tao lui-même n’agit pas et pourtant tout se fait par lui-Si princes et seigneurs pouvaient y adhérer tous les êtres du monde se transformeraient d’eux-mêmes-Si quelque désir surgissait parmi les êtres au cours de la transformation du monde je les maintiendrais dans la limite du fond sans nom-Le fond sans nom est ce qui n’a pas de désir-C’est par le sans désir et la quiétude que l’univers se règle de lui-même (Tao-Tö-King XXXVII).

Wu-Wei ne signifie pas ne rien faire et se taire mais permettre à chaque chose d’être ce qu’elle était à l’origine de telle sorte que sa nature se réalise.

En fait le Wu-Wei préconise la prépondérence de l’homme naturel sur le savoir, la
mécanisation abstraite de la pensée, la morale ou l’intellectualisme. La sagesse est façon d’être et non matière s’apprenant ou se transmettant.
L’analyse, l’enseignement, l’observation ne sont d’aucun secours face à l’essentiel car principes humains imparfaits. C’est cette conception de l’action qui nous mène au vide considéré ici comme réceptacle attirant le plein et donc non-absence.

Tente rayons convergent au moyeu-Mais c’est le vide médian qui fait marcher le char-On façonne l’argile pour en faire des vases-Mais c’est du vide interne que dépend leur usage- Une maison est perçée de portes et de fenêtres-C’est encore le vide qui permet l’habitatl’être donne des possibilités-C’est par le non-être qu’on les utilise (Tao-Tö-King XI).

A l’échelle de l’homme on pourait dire que l’être sans passions ni désirs faisant le vide en lui peut y accueillir le Tao et atteindre la disponibilité permanante par le sans-faire. Ainsi le rejet de l’à-priori passé ouvre l’esprit et le coeur et le Wu-Wei est engagement total.

Le non-agir conduit au non-désir qui lui-même conduit à la tolérance absolue.

Vide, paix, contentement, apathie, silence, vue globale ainsi que non intervention, voilà la formule du Ciel et de la Terre, le secret du Tao et du Tö ( Zhuang-zi ).
Le non-agir se doit enfin de conduire au non-être.

LE NON-ETRE

Du Chih ( connaissance intuitive ) provient le non-être de même qu’il résulte du T’ien ( quiétude ).
Le Chih est la compréhension du Tao qui donne accès à tous les secrets du non-être. Dans le domaine de la connaissance intuitive sujet et objet s’identifient l’un à l’autre ainsi que le pensait Chang chung-yuan.
Le T’ien est la méditation silencieuse qui, ouvre les portes de l’oubli des acquis antérieurs. Celui qui cherche la connaissance apprend jour après jour. Celui qui cherche le Tao oublie jour après jour ( Lao-tseu ).
Le non-être est décrit ainsi par Chang Chung-yuan : Lorsqu’on connait la parfaite tranquilité la lumière céleste se manifeste. Celui en qui s’allume cette lumière céleste voit son véritable Soi. Celui qui cultive son véritable Soi atteint l’Absolu.

Ainsi est-on amené à comprendre la richesse et la subtilité de la dimension cosmique taoiste.
Par l’extase ou la méditation l’homme en grimpant vers les sommets de l’épuration intègrera de nouveau l’essence de l’Univers.